Exposition P-A. Gillet et J. Collignon Virton
18/04/2025

Vernissage de ce 18 avril dans les Caves de l'Hôtel de Ville de Virton. Bel assemblage, magnifique accrochage de Frédéric Gribaumont et harmonie d'ensemble. A voir !
Quand je suis entré dans la salle, mercredi matin, les toiles, les objets, les personnages, les arbres, tout gisait, çà et là, dans une intention d’ordre, non concrétisée. Frédéric le maître des lieux, en grand architecte, avait mis l’ouvrage sur le métier, et on pouvait en deviner les contours. Il allait forcément trouver le chemin du mariage de ces deux amis, artistes, différents mais complémentaires. Ces deux diseurs d’histoires.
L’un qui s’exprime d’emblée de manière intelligible et perceptible au premier degré, même s’il en gravit bien d’autres, l’autre plus mystérieux, discret sans être évasif. Le premier ouvrant à l’imagination, à la promenade imaginaire, au récit d’un ailleurs ou d’un présent différent, le second commandant la suggestion, puis évoquant souvenirs, structures, volumes.
J’ai laissé tourner la première impression dans ma tête, jusqu’à repenser jeudi, à une musique dont, tant la structure que la sensation ressentie à son écoute, ouvrent des similitudes, des lignes de compréhension avec ces œuvres.
Officium de « Jan Garbarek et Hilliard ensemble », ce disque date de 1994 et dévoile une sorte de magma de voix masculine, harmonieuses, dans une trame liturgique ou polyphonique anciennes, d’où jaillissent des improvisations de sax ténor ou alto. De suite je me suis retrouvé dans l’œuvre créatrice de Pierre-Alain, dans ses fulgurances colorées qui suggèrent, avec force, une sorte de création à partir du néant, une explosion originelle, une abstraction lyrique, dans un geste maîtrisé mais élancé, plus instinctif que réfléchi, et qui au fur et à mesure du chemin qu’il nous fait suivre, dévoile structure, architecture du volume, géométrie de l’espace.
Dans la logique de son élan originel, il suggère naturellement qu’ « au commencement était le verbe ». Alors, les mots, les phrases, jaillissent çà et là, comme pour ajouter à l’ordre ou au désordre structuré, une nouvelle dimension à l’espace évoqué. Ainsi en est-il, dans son 11 septembre, totalement subjuguant.
Puis du magma au verbe, surgissent, çà et là, par anthropomorphisme, des personnages qui arpentent le temps et l’espace jusqu’à l’évocation de cette « race inconnue qui a (surement) existé, il y a fort longtemps, la race des Gaumias, défenseurs des Dryades, ces femmes d’une grande beauté, montant quelques fois des chevaux blancs de Vienne, et remontant à belles foulées les Champs Elysées virtonais ». Amenant Pierre-Alain dans un figuratif poétique.
Une fois la vie déployée, arrivent en écho, les évocations de Joseph, ces pullulements, qui laissent entière la question de savoir s’ils étaient antérieurs au big bang de Pierre-Alain, ou conséquences de celui-ci.
La forêt est habitée, mais elle s’habite elle-même, tant elle vibre par tous les pores de l’œuvre de Joseph, elle respire, et nous donne l’oxygène qui fait vivre, respirer, et crépiter le cerveau. Sa créativité, à lui, est infinie en deux, trois, voire quatre dimensions. La quatrième étant celle faite, non seulement de paysages et de sons, mais surtout d’esprit. Une dimension sans espace, ni temps, mais infinie. Celle qui permet de voyager dans une contrée dont la seule frontière est notre imagination…et la sienne !
Joseph nous prend par la main pour un cheminement d’où émergent, génies de la forêt, animaux fabuleux, récits de mangeurs d’enfants. Alliant l’écriture à la fausse naïveté de ses traits, avec des dessins qui charment par la gentillesse, et la douceur, qui attirent enfants et parents, dans une envie d’histoires, de contes, de légendes ou de vérités légendaires. Ses constructions, fabrications, représentations, illustrations, sentent bon la ruralité profonde, l’amour du terroir et de ses racines. L’amour d’animaux disparus, de professions transformées, de lieux dont la poésie est souvenir. Il n’y a ni nostalgie, ni mélancolie mais attachement. Ses modelages sont évocateurs, ses pastels et peintures sentent bon l’authenticité de l’inspiration et la véracité du propos.
Pierre-Alain et Joseph cheminent de compagnie, ici mais aussi ailleurs, chez Pakeboh à Tintigny, chez Ah ? Oh ! Art à Florenville, et partout où existent la liberté de la création, de l’imagination, la justesse du geste, la rigueur, l’amour du travail bien fait. Partageons ce moment avec eux et remercions ceux-là qui hébergent les artistes, si nécessaires à accompagner notre vie.
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